Nombre de participants aux ateliers d’écriture rêvaient d’une journée dédiée, elle s’est réalisée le 27 juin dernier. La magie du lieu et de l’instant a opéré, offrant le temps de la réflexion, ouvrant les fenêtres de l’inspiration et libérant les plumes les plus réservées. Retour sur un dimanche particulier
Je l’avais nommé « séminaire » mais cela lui donnait un caractère conventionnel, professionnel, à l’opposé de sa destinée. L’événement du 27 juin fut un moment hors du temps. Une parenthèse inspirante au cœur d’un quotidien de tourmentes.
Accueillies dans une tente nomade, réservée pour l’occasion à Berson chez Bohème Glamping Expérience, les cinq inscrites ont d’emblée été dépaysées. Premier effet gagné : offrir un cadre unique, magique, un ailleurs pourtant si proche pour que chacun “décroche”. Assise, allongée, sur un fauteuil bien douillet, un pouf ou même un lit… prendre ses aises ! Autour d’un thé, d’un café, d’une brioche réconfortante ou de viennoiseries apaisantes…
Deux mots piochés au hasard
On brise la glace, faisant rapidement connaissance dans la bienveillance, le premier exercice peut commencer. Car l’un des buts de cette journée était d’expérimenter. D’autres manières d’appréhender le récit de vie, des idées pour libérer les plumes les plus réfractaires. Par des pratiques ludiques et poétiques. Laisser tous ses sens s’éveiller et s’exprimer : telle était la première règle imposée. Pour les aider, deux mots piochés au hasard, point de départ d’une divagation de l’esprit évidemment salutaire. Lever les barrières, ne s’imposer aucune limite, laisser son crayon couler sur le papier au fil de ses réflexions…
Le résultat est étonnant, fascinant, révélateur des personnalités, des styles qui, pour certaines, peinaient encore à émerger. » La lumière jaillit, Ma peau frémit. Mes sens sont en osmose Pour que les mots prisonniers explosent « , écrit Michaëla, de son talent si prégnant.
J’ai encore en tête le goût de la fraise décrite avec tant de gourmandise par Christelle. Pour Nicole, ce thème fut une libération, elle qui a tant de mal à exprimer ses émotions. Il lui fallait parler du silence : « Je n’aime pas le silence, à la maison il y a toujours du bruit, au moins une radio », avoue-t-elle en introduction. Cette radio qui occupe tant sa vie, ses jours, les murs de sa maison, on l’entend au fil de son récit. Défi là aussi réussi !
Se laisser aller là où les mots ont décidé de vous mener… J’ai pour la première fois décidé de me prêter au jeu. Me mettre moi aussi à nu. Je devais évoquer le chant et les arbres, j’ai parlé de ma passion pour la marche : « très vite, je parviens à me laisser porter par le chant des oiseaux… Puis ce sont mes narines qui, à leur tour, accueillent cet enchantement, titillées par les doux parfums des fruitiers en fleurs… Pas après pas, j’avance vers plus de sérénité. Sentant, ressentant, je suis en vie ! »
Le portrait
Parler de soi, c’est parvenir à décrire ce que l’on ressent mais aussi ses relations à l’autre. Beaucoup de projets biographiques ont une dimension généalogique : pour savoir qui l’on est, il faut savoir d’où l’on vient… Sans même parler de ses aînés, nous sommes des êtres sociaux qui avons besoin d’être entourés pour nous accomplir. D’où l’exercice de la photo, sortie d’une armoire, d’un tiroir ou de la galerie de son smartphone… Pour rédiger le portrait à la fois physique et psychique d’un être cher, ce qu’il nous inspire, les raisons qui nous ont poussé à opter pour ce cliché. Des larmes ont coulé, rouvrant des plaies non cicatrisées… Parfois, nos choix, notre plume nous mènent sur des chemins douloureux. Mais c’est pour mieux faire face à la vie. Nous sommes faits de souvenirs, de partages, de sourires et de dérapages, écrire permet de s’ouvrir aux joies et blessures qui composent notre existence.
La journée fut encore plus intense qu’on ne l’aurait imaginé. Repliées dans leur tente si dépaysante, six femmes ont trouvé la cohésion, se sont livrées sans frein… et qu’est-ce que ça fait du bien !